« Le SIMA est indispensable pour répondre aux enjeux futurs »

Depuis quand venez-vous au SIMA ?
Christiane Lambert : Depuis très longtemps. Si mes souvenirs sont bons, cela doit faire presque vingt-cinq ans, quand j’étais présidente du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA). J’ai toujours été fidèle à ce rendez-vous et je trouve toujours passionnant de voir l’ingéniosité des concepteurs, des ingénieurs et des constructeurs pour apporter des solutions concrètes aux agriculteurs et aux agricultrices. Tracteurs, moissonneuses, automoteurs, désileuses, etc. les engins sont de plus en plus ergonomiques, pour préserver la santé physique des exploitants. Ils apportent des solutions réelles en termes de travail du sol, de fractionnement des intrants, de sobriété énergétiques.

Quel est votre meilleur souvenir sur le SIMA ?
CL : Il est très difficile de répondre à cette question, car j’en ai de nombreux. S’il fallait n’en retenir qu’un ce serait sans doute « L’Espace des bonnes pratiques agricoles » que le Forum pour une agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement (FARRE) avait coordonné. Nous avions réuni sur un même « village » des sociétés de conseil, des fournisseurs, des représentants du machinisme, du biocontrôle, etc. Je me souviens surtout de l’important travail en amont que toutes les équipes avaient fournies en termes d’approche collective, de réflexion, de concertation. On peut dire que nous étions dans une sorte d’ancêtre de l’actuel Contrat de solutions initié par la FNSEA et qui rassemble aujourd’hui 44 partenaires pour une agriculture performante et durable.

Quels sont les équipements qui vont ont le plus impressionnée ou le plus marquée ces dernières années ?
CL : Je pense que l’irruption du numérique dans l’agriculture est un phénomène fascinant. L’électronique embarquée dans les tracteurs, les moissonneuses, les engins autoportés est en tout point remarquable. Ce type d’évolutions était attendue par la profession toujours avide de produire plus et mieux. Grâce à la géolocalisation, aux outils d’aide à la décision, nous parvenons à améliorer nos performances économiques et environnementales. Je suis toujours impressionnée par les nouvelles innovations, comme la lecture optique sur les pulvérisateurs qui permettent par exemple de réduire les intrants de 50 à 70 %. Il faut cependant marquer un point de vigilance sur le recueil et l’exploitation des données qui ne doivent pas échapper à l’agriculteur. C’est pourquoi la FNSEA a mis en place la charte Data-Agri qui sécurise les données des exploitations agricoles dans les contrats.

Qu’attendez-vous ce SIMA qui fête cette année ses 100 ans ?
CL : Je remarque et salue tout d’abord deux faits importants : ce SIMA est très attendu par la profession après que le Covid l’en a privée en 2021. Ensuite ce changement de date du salon semble très opportun pour les agriculteurs au regard de la planification de leurs investissements, même si l’ambiance peut être perturbée par les tensions qui gouvernent actuellement le marché de l’acier, des semi-conducteurs, de l’énergie, etc. et donc des délais de livraison Il est plus que jamais nécessaire d’avoir une gestion prudentielle au regard de la volatilité et de l’imprévisibilité des cours de nos productions. Enfin, ce lieu de rencontres et d’échanges est propice à répondre aux besoins urgents de solutions face à l’accélération du changement climatique, au contexte environnemental, à la flambée incontrôlée des intrants, la réduction de la chimie, ou encore la décarbonation.

La modernisation des équipements, s’appuyant sur une recherche fondamentale et appliquée solide, est une voie à privilégier. A titre d’exemple, il nous faut, avec l’aide de l’État et des consortiums privés, parvenir à concrétiser des solutions durables comme les carburants 100 % végétaux, à l’hydrogène ou issus du gaz des méthaniseurs. Le SIMA à qui je souhaite un très joyeux anniversaire et un joyeux centenaire, est le lieu idoine pour booster ces projets et ces solutions. La FNSEA a d’ailleurs bien intégré cette dimension car l’accroche de son stand est la suivante : « La FNSEA, moteur des transitions pour une agriculture de transitions ».
Propos recueillis par Christophe Soulard